Ils sont aux côtés de la Banque Alimentaire

Dossier du Dauphiné Libéré du 30/11/2018 pour la collecte annuelle de la Banque Alimentaire de l'Isère

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Ils sont aux côtés de la Banque Alimentaire

La Banque Alimentaire de l’Isère participe à la grande collecte nationale 2018. Jusqu’à dimanche, 3 000 bénévoles sont présents dans 135 magasins pour, espèrent-ils, recueillir 210 tonnes de denrées. L’occasion d’évoquer ces initiatives qui soutiennent l’association et viennent en aide aux plus démunis. À commencer par celle engagée depuis le mois de juin par le CHU Grenoble Alpes.

Lutter contre le gaspillage alimentaire et venir en aide aux plus démunis. C’est le double objectif poursuivi par le Centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (Chuga) à travers le partenariat qui le lie, depuis le mois de juin, à la Banque Alimentaire de l’Isère (BAI).

Cinq jours sur sept, entre 8 500 et 9 000 repas sont fabriqués par les 80 agents de l’unité centrale de production (UCP) culinaire du Chuga, située derrière l’hôpital Sud, à Échirolles.
Des milliers de barquettes destinées aux personnels et patients des sites Nord (couple-enfant et Michallon) et Sud mais aussi à l’hôpital de Tullins-Fures et aux centres de dialyse de Meylan et de La Tronche.

« Malheureusement, nous enregistrons souvent un excédent de production », regrette Emily Dorly, ingénieure restauration au Chuga. Et ce, malgré le suivi mis en place pour surveiller l’évolution de la demande quotidienne à satisfaire, en lien avec l’équipe de distribution.

« La production ayant lieu forcément en amont, il existe toujours un écart dû aux variations d’effectifs et de régimes à respecter par les patients », explique Camille Devroedt, ingénieure environnement et développement durable au Chuga.

Résultat : un surplus moyen journalier de 50 à 80 plateaux-repas, à jeter à la poubelle.

« Une perte à tout niveau, déplore Mme Dorly : de temps pour nos agents et de matières premières. Du gâchis sur toute la chaîne. »

D’où la généreuse idée de faire don d’une partie de l’excédent à la Banque Alimentaire de l’Isère pour qu’elle puisse le distribuer à ceux qui en ont besoin. Chaque semaine depuis le 5 juin, deux chargements de nourriture sont livrés dans des camions frigorifiques, le mardi par le véhicule du Chuga et le mercredi par celui de la BAI.

« Des barquettes individuelles étiquetées conformément à la réglementation en vigueur, avec une date limite de consommation (DLC) assez longue, de trois à quatre jours », précise Mme Devroedt. Des repas de très bonne qualité nutritionnelle

Et d’ajouter : « Chacune comporte trois composantes : une viande, un féculent et un légume. Élaborés par les diététiciens du CHU selon un cahier des charges assez précis, nos repas sont très surveillés. »
Les produits sont contrôlés dès leur arrivée à l’UCP d’Échirolles, pour leur qualité et leur traçabilité. Ils sont ensuite préparés suivant des processus adaptés. Pour certaines viandes, des cuissons lentes et à basse température sont privilégiées afin qu’elles restent juteuses et tendres. Aussi, la pasteurisation des textures modifiées permet de respecter les qualités nutritionnelles des ingrédients utilisés et d’en conserver les bénéfices.
Ne dépassant pas les 500 kilocalories, les menus du Chuga offrent ainsi la possibilité aux personnes faisant appel à la BAI de manger équilibré en protéines, glucides et sel. En complément du service assuré par la cuisine Trois étoiles solidaires de la Banque Alimentaire, située à Seyssins.

« Le partenariat fonctionne très bien depuis sa mise en place », se réjouissent Emily Dorly et Camille Devroedt. Deux ingénieures du CHU Grenoble Alpes qui aimeraient élargir ce dispositif à d’autres associations, pour jeter encore moins d’aliments et venir en aide aux publics en difficulté.
Amir ELGHOUL

Le CHU à la recherche de nouveaux partenaires 

Le CHU voudrait rationaliser davantage l’exploitation de ses excédents culinaires. « On est à la recherche d’autres partenaires pour diminuer le volume jeté des produits dont la DLC est très courte », souligne Emily Dorly, ingénieur restauration au Chuga. « Notamment pour le surplus de barquettes collectives », ajoute Camille Devroedt, ingénieur environnement et développement durable.

Destinés aux selfs ou distribués en chariot, ces aliments pourraient intéresser des associations proposant un service à l’assiette. « Le problème, c’est qu’il faut conserver la chaîne du froid pour pouvoir stocker les produits en frais ou les distribuer immédiatement. » Une obligation qui n’est pas à la portée de toutes les associations. Toutefois, les structures intéressées peuvent contacter la Banque Alimentaire pour se renseigner sur la possibilité de mise en place de cette solution.
A.E.

Plus de bénéficiaires, plus de précarité mais aussi plus de bénévoles et de dons

Les gilets orange de la Banque Alimentaire sont prêts pour la grande collecte annuelle qui a lieu ce vendredi et samedi dans 135 grandes et moyennes surfaces du département (quelques magasins ont été collectés jeudi et quelques-uns le seront dimanche).

C’est le grand rendez-vous annuel de la Banque Alimentaire avec le public. La collecte, le dernier week-end de novembre. À cette occasion, les 170 gilets orange permanents se démultiplient pour être présents dans 135 grandes et moyennes surfaces dans le département : 3 000 bénévoles demanderont aux clients de déposer une boîte de conserve de légumes, de poisson ou un plat cuisiné, un composant de petit-déjeuner ou des féculents. « On espère collecter 210 tonnes », avance Christian Chédru, président de la BAI 38. « Ces dons nous permettent de compléter avec des aliments secs les produits frais issus de la ramasse quotidienne afin de confectionner des paniers de 6,4 kg. Un poids toujours en augmentation. » Des inquiétudes certaines quant à la paupérisation…

Malheureusement, il n’y a pas que le poids du panier qui est en augmentation, note le président. « Le nombre de bénéficiaires grimpe à 5 800 et aujourd’hui 12 % des Isérois sont en dessous du seuil de pauvreté. On constate, en 2017, que 70 % des personnes aidées par la BAI sont des femmes seules, avec ou sans enfants, possiblement retraitées ». Christian Chédru analyse les causes de ce surplus de retraités : « Il y a, au passage à la retraite, une baisse des revenus mais pas des loyers ou du crédit immobilier, alors le reste à vivre est trop bas. Ces personnes ne s’en sortent plus. On voit aussi plus de retraités maintenant car c’était une catégorie qui refusait, par honte, de demander de l’aide. Aujourd’hui, elles n’ont plus le choix ». La paupérisation dans les territoires ruraux est également un sujet d’inquiétude pour la BAI mais « nous n’avons pas encore les moyens (véhicules et humains) d’aller vers eux ».

Les étudiants sont aussi une préoccupation. « On réfléchit actuellement avec l’UGA et le Crous à ouvrir une épicerie solidaire ». Sur le campus justement se trouve Le Patio, un refuge pour jeunes migrants, que la Banque Alimentaire a aidé en août. « J’ai été très clair avec le préfet, affirme Christian Chédru, je ne me suis mis aucun frein : on ne peut pas laisser quelqu’un sans nourriture. Nous avons donc pris le relais des étudiants et des professeurs qui les encadrent habituellement ». À situation d’urgence, solution peu ordinaire. « Normalement nous donnons à nos associations partenaires qui, ensuite, distribuent aux bénéficiaires. Là, nous avons donné des denrées, qu’il était possible de réchauffer au Patio, à deux étudiants proches du groupe, sans qu’il y ait de réelle association ».

À la Banque Alimentaire, on aime aussi regarder le positif : « On va de plus en plus loin dans le territoire pour la ramasse quotidienne. Les centrales d’achats sont devenues nos plus gros donateurs de produits frais et nous avons la confiance des enseignes », se félicite Christian Chédru. Même constat du côté des bénévoles « qui sont en augmentation certes mais aussi pérennes ». Et ce week-end, ce qui le réjouit spécialement « c’est la générosité des Isérois. Autant en quantité qu’en qualité. C’est-à-dire qu’ils donnent, non seulement plus (+ 3,4 % en 2017) mais que les produits sont meilleurs (poissons, légumes) et donc plus chers (+ 7 % en termes de coûts) ». Dernier point de satisfaction pour le président de la BAI, « la collecte a été pour la première fois élargie au jeudi, dans quelques magasins ».
Katia CAZOT

Comment manger équilibré avec les colis : le rôle de Samantha Louvat

Chaque mercredi matin, Samantha Louvat, diététicienne prestataire pour la BAI, propose un atelier confiture, « un vrai moment d’échange ».

Elle se rend tous les mercredis matin à la Banque Alimentaire de l’Isère, à Sassenage, pour « les ateliers confiture ». Samantha Louvat, diététicienne, y rencontre des associations partenaires mais aussi et surtout des bénéficiaires. « C’est un réel temps d’échange. Tout comme lorsque je vais, pour la BAI, dans les locaux des associations où j’interviens auprès de personnes en situation de précarité. On fait des ateliers sur l’équilibre alimentaire ». Un sujet important pour la BAI, notamment lorsqu’il s’agit de diabète. « Cela permet de répondre à leur question : “comment manger équilibré lorsqu’on a un petit budget et surtout avec ce que j’ai dans le colis donné par la BAI ?” ». Elle explique donc comment concevoir un repas complet avec des aliments de base. « Et jouer sur les équivalences.

Parce que parfois, dans le colis, il y a des brioches et vu qu’il s’agit de personnes en situation de précarité, elles sont déjà frustrées au quotidien, on ne peut pas leur dire “Ne mangez pas de brioche” ! ». Alors, elle le répète, « l’équilibre alimentaire, ça passe par manger de tout », et explique comment doser le sucre et les graisses. D’énumérer les composants d’une boîte de raviolis pour mieux trouver ce par quoi on peut la compléter : « des fruits, des légumes et des produits laitiers ».

Et lorsqu’il s’agit de remplacer tel ou tel aliment, Samantha Louvat ne manque pas « d’astuces ». Profitant de « ces temps d’échange et de partage », distribuant au passage « des petites fiches, avec des images car il y a parfois la barrière de la langue ». La diététicienne donne ses recettes pour réintroduire les légumes secs « qui sont boudés en France », constatant que certains produits ne sont pas distribués « parce que les bénéficiaires ne les connaissent pas forcément ».

Pas de généralité, Samantha Louvat fait aussi au cas par cas. « Dans le milieu précaire, note la diététicienne, il y a de plus en plus d’obésité pour ceux qui ont un logement et de dénutrition pour ceux qui vivent dans la rue ». Alors elle adapte ses conseils. Et garde de très beaux souvenirs de ces rencontres « qui me touchent ». Comme ce jour où, au lieu de préparer des confitures, elle a choisi de confectionner de la pâte à tartiner « avec les pièces et père Noël en chocolat. On a dû ouvrir chaque pièce, ça a pris un temps fou et on en a ri ! Malgré tout, totalement dépassés par les quantités, on a fait 70 pots et les bénéficiaires ont pu les offrir en cadeau. La pâte à tartiner maison était excellente avec trois fois rien ».
K.C.

Cinq salariés d’Automatique & Industrie aideront la BAI ce matin.

Chez Automatique & Industrie, « la bienveillance en interne et en externe » va jusqu’au coup de main d’associations : cinq salariés seront dès ce vendredi matin au siège de la Banque Alimentaire pour participer, aux frais de l’entreprise, à la collecte.

L’entreprise Automatique & Industrie, basée à Saint-Jean-de-Moirans, a une « grosse démarche de responsabilité sociétale, dans le sens de la bienveillance en interne et en externe », note Eva Peraldo, directrice du développement humain, un intitulé de poste « choisi par les salariés ». Cela donne le ton.

Pas étonnant alors, que cette entreprise ait choisi d’offrir un coup de main à la Banque Alimentaire. En effet, cinq salariés (sur 97) sont ce matin au siège de l’association à Sassenage pour aider les bénévoles à la grande collecte annuelle. Tout en étant rémunérés normalement par la société. « Ils sont volontaires et nous (car j’en fais partie) sommes ravis. Nous allons covoiturer pour moins polluer et le salarié qui habite Grenoble s’y rendra à vélo ». Une démarche, on vous dit !

Ce n’est pas la première fois qu’Automatique & Industrie tend la main à la BAI. « L’année dernière, nous avions financé le spot publicitaire à la radio. Et durant l’année, nos salariés peuvent s’y rendre ponctuellement quelques jours. À chaque fois, ils sont très heureux de s’être sentis utiles et d’avoir pris l’air ».
Pourtant, « c’est très éloigné de notre métier : programmation de logiciel, test, mise en service du logiciel dans de grosses structures tels que les hôpitaux, aéroports… ». Entre deux contrats, les salariés « font pas mal de formations. On voulait leur proposer d’autres choses dans ce créneau-là et comme ils sont très ouverts et généreux, l’idée leur a plu », se réjouit Eva Peraldo. « L’objectif c’est aussi de leur permettre d’être dans un autre contexte, de faire autre chose, pour mieux revenir avec d’autres idées, d’autres manières de voir ».

Cette année, comme la collecte est plus longue que d’habitude, du jeudi au dimanche, sur un territoire plus grand, la BAI a demandé à Automatique & Industrie un coup de main sur le vendredi matin : trois ingénieurs et deux directeurs de service seront présents. « On est enthousiastes ! » Et même s’il existe un abattement fiscal de 60 %, il reste 40 % qui « auraient pu être utilisés autrement, rentables sur l’affaire ». Le bénéfice est parfois ailleurs.
K.C.

Sur le campus, la collecte a commencé ce mardi…

Pendant deux jours, une collecte s’est tenue dans les locaux du Centre de langues vivantes du campus.
Sur le domaine universitaire, une collecte alimentaire a été organisée cette semaine (ce mardi et ce jeudi) au Centre de langues vivantes (CLV) de la rue des Résidences, un lieu devenu tristement célèbre pour avoir été saccagé l’été dernier par les opposants à la loi Vidal. Une initiative inédite, fruit d’une collaboration entre la Banque Alimentaire de l’Isère et l’Université Grenoble Alpes (UGA) qui, pour l’occasion, n’a eu de cesse, ces dernières semaines, d’alerter la communauté étudiante mais aussi les enseignants et professeurs via leur intranet respectif.
Cette ouverture à des lieux qui, jusque-là, n’était pas “concernés”, correspond à une orientation volontaire de l’association et de son président, Christian Chédru. « Notre souhait n’est pas de rester exclusivement dans les magasins et les grandes surfaces commerciales mais de s’élargir aussi à d’autres possibilités », explique-t-il, même si les super et hypermarchés constituent une “manne” importante pour la Banque Alimentaire.
S’implanter sur un campus, c’est aussi approcher un public – les étudiants donc – qui fait déjà l’objet d’un accompagnement par l’association, au même titre que « les femmes seules, les familles monoparentales ou les salariés qui ont des contrats de travail précaires ». Et une idée est en train de faire son chemin, qui passerait par la création d’une épicerie étudiante « qui répondrait aux besoins de cette catégorie de la population ». Le dispositif, « en construction », pourrait voir le jour en 2019, voire 2020. Reste à trouver une association, en relais de la Banque Alimentaire de l’Isère, pour « animer et encadrer l’opération » et dénicher, surtout, des locaux chauffés. Des conditions pas si simples à remplir mais que « la forte volonté, du côté de l’université comme de la nôtre », devrait arriver à réunir.
Ganaële MELIS

Chiffres express

QUI SONT LES BÉNÉFICIAIRES ?

Surtout des femmes
La majorité des bénéficiaires sont des femmes (70 %). 85 % ont un logement stable (locataire ou propriétaire), 28 % vivent seuls, à la suite d’un divorce ou à une séparation, 65 % des personnes ont au moins un enfant, et 33 % sont des familles monoparentales.

Une majorité d’employés
23 % des bénéficiaires interrogés ont un emploi, 71 % travaillent à temps partiel, en grande majorité (68 %) ce sont des employés, 12 % sont des retraités et des étudiants…

Avec quel argent ?
70 % sont en dessous du seuil de pauvreté, 70 % vivent avec moins de 1 000 euros par mois. Le revenu mensuel moyen par foyer est de 799 euros.

Santé
Un tiers des bénéficiaires ne se considère pas en bonne santé (physique ou psychologique).

L’aide alimentaire
50 % des bénéficiaires reçoivent une aide alimentaire au moins une fois par semaine.

 

(Données selon une étude CSA pour la Banque Alimentaire France en 2016.)