Avec toujours plus de bénéficiaires, les grands défis de la Banque Alimentaire

Vie associative
22/04/2024 - article du Dauphiné Libéré
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Toujours plus de bénéficiaires mais moins de ramasses quotidiennes, déménagement des locaux en juin et ouverture en septembre d'une épicerie solidaire pour les étudiants... L'actualité de la Banque Alimentaire de l'Isère est intense.

La Banque Alimentaire de l'Isère doit répondre à un défi de taille : distribuer des colis d'aide alimentaire à des bénéficiaires toujours plus nombreux. Avec un impératif qu'elle s'est fixé :respecter l'équilibre alimentaire d'une population précarisée. En revenant sur l'année écoulée, durant l'assemblée générale de l'association, sa présidente, Françoise Dessertine, a rappelé que son prédécesseur, Bernard Perry « évoquait un changement de modèle déjà en marche ».

En cause, « l'érosion significative du modèle originel d'approvisionnement des Banques Alimentaires », autrement dit la diminution de la ramasse quotidienne auprès des grandes et moyennes surfaces, qui, du fait de la loi Garot, ont de moins en moins de denrées à donner. « Cela ne représente plus que 26 % de notre approvisionnement. La lutte contre le gaspillage alimentaire doit s'organiser autrement. Les tournées quotidiennes de binômes de bénévoles au volant de 3,5 tonnes ont probablement vécu... »

Qu'à cela ne tienne, la BAI ne baisse jamais les bras et s'adapte. Pour ne pas rogner sur l'équilibre nutritionnel, elle s'est mise à acheter des fruits et légumes. Privilégiant les circuits courts. Et a trouvé de nouveaux donateurs pour le reste : les drives, les plateformes logistiques et l'industrie agroalimentaire.

L'autre grand défi à venir est sans doute le déménagement, cet été, dans les nouveaux locaux. Situés à Fontaine et achetés par le département 4,8 millions d'euros, ils offrent aux 200 bénévoles et 9 salariés 3 000 m2 de stockage et 500 m2de bureaux. « Le déménagement cet été, et les grosses chaleurs, n'est pas une lubie, mais bien la volonté de respecter les conditions de sécurité alimentaire. » Pour autant, des travaux sont à engager. La première phase débutera le 24 avril. Il faut donc boucler le budget évalué à 750 000 euros. « La Région s'est engagée à hauteur de 500 000 euros. La Métropole de Grenoble semble vouloir nous aider. Il reste à trouver 50 000 euros. On peut considérer que c'est fait. » En attendant ce changement de bâtiment, durant l'année 2023, les bénévoles ont réaménagé le local historique à Sassenage et ont créé des fiches métiers pour plus d'efficacité et de sécurité.

Les deux autres objectifs que s'était lancés la Banque Alimentaire de l'Isère pour l'année 2023 - améliorer les relations avec les partenaires associatifs et CCAS et développer les mécénats financiers, matériels et de compétence - ont été pleinement remplis. Les bénévoles ont également accéléré le volet environnemental, avec une bonne gestion des déchets - en recyclant 16,5 tonnes de carton, les déchets de fruits et légumes, eux, sont collectés par un éleveur de porcs de l'agglomération - et l'utilisation par la Cuisine 3 étoiles solidaires de barquettes biodégradables, compostables et méthanisables.

Lors de l'assemblée, la Banque Alimentaire n'a pas oublié de remercier les donateurs de novembre lors de la grande collecte annuelle, « la générosité a encore été au rendez-vous malgré l'inflation ».

Katia Cazot

Une épicerie solidaire pour les étudiants

Parmi les annonces de la Banque Alimentaire de l'Isère, sous le regard bienveillant de Jean Cottave, président de la Fédération des Banques Alimentaires, on retiendra l'ouverture en septembre d'une épicerie solidaire pour la population étudiante, Esope. Malgré les aides déjà apportées aux étudiants, la BAI a fait le constat que la demande était bien supérieure.

Située en plein centre-ville de Grenoble « pour que tous les étudiants de l'agglomération y aient accès », cette épicerie sera ouverte 52 semaines par an et apportera une aide alimentaire variée et de qualité, en libre-service, dont les prix se situeront entre 10 et 30 % de la valeur mercuriale.
Des produits d'hygiène compléteront l'offre. Les bénévoles prodigueront également une orientation sociale et un accompagnement nutritionnel (la diététicienne salariée de la BAI sera de la partie).

Le local a déjà été trouvé, les clés ont été remises la veille de l'assemblée générale à l'association. Le budget de fonctionnement est évalué à 40 000 euros par an. L'ouverture est prévue pour la rentrée universitaire, en septembre.