La Banque Alimentaire est là depuis 30 ans

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25/10/2014 - Dossier du Dauphiné Libéré
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La Banque Alimentaire est là depuis 30 ans

La Banque Alimentaire s’apprête à fêter ses 30 ans d’existence, et toutes ses antennes départementales, dont celle de l’Isère, organisent des manifestations à cette occasion. Une façon de rappeler que son action ne s’arrête jamais.

Il a le calme et la précision d’un chef d’entreprise. Pas de coup de gueule, de mots durs. Il gère la situation depuis Sassenage. Bernard Perry est pourtant le président de la Banque Alimentaire de l’Isère. Une grosse machine, bien huilée, qui vient en aide à ceux qu’il nomme toujours, avec le plus grand respect, « les démunis ».

En 30 ans d’action, les choses n’ont pas changé. «Notre démarche est la même. Nous avons toujours les mêmes valeurs : la lutte contre le gaspillage et le don et le partage sans argent et sans achat. »

En mars 1984, sœur Cécile Bigo dénonçait dans la presse le scandale de la pauvreté qui cohabite avec le gaspillage de denrées alimentaires. Ce cri de colère fut entendu par Bernard Dandrel, qui, avec le Secours catholique, Emmaüs, l’Armée du salut, l’Entraide d’Auteuil et l’Entraide protestante, crée, le 24 octobre 1984, la Banque Alimentaire.

Et depuis 1987, les bénévoles isérois, chaque matin, effectue la “ramasse”. Ils passent dans les supermarchés prendre les invendus. Des supermarchés ou des entreprises que Bernard Perry a préalablement démarchés. « La fédération nationale passe et gère des conventions avec les grandes enseignes. Mais si les quantités distribuées augmentent, les quantités par magasin stagnent. Alors il me faut étendre le périmètre ! »

Le président explique que la Banque Alimentaire est « un partenaire, on leur rend service ». Mais « nous avons avec les directeurs de magasin des objectifs inversés. Ils essaient, par ces temps de crise, d’avoir une gestion au plus juste, moins de produits qui sortent de la distribution. Donc, plus j’ai le sourire et moins ils l’ont...»

Et si les valeurs, la “ramasse” et les négociations durent et perdurent depuis 30 ans, la manière, elle, n’est plus la même. « Les changements sont colossaux. Nous avons de plus en plus de contraintes administratives. Par exemple, les denrées ne sont pas toujours de première fraîcheur, il nous faut être très strictes dans la conservation. Nous sommes capables de rendre une traçabilité depuis le magasin jusqu’au bénéficiaire. »

De la même manière, le président cherche à protéger ses bénévoles. «On ne veut pas se permettre le moindre accident.Cela veut donc dire faire des investissements et mettre des moyens humains. »

Pour autant, son rêve d’avoir un abri dans chaque grande surface partenaire s’éloigne. « Je négocie avec les magasins des conditions pour les bénévoles acceptables.

Mais ils sont tout de même dehors chaque jour et par tous les temps. La “ramasse”, c’est le plus ingrat. »

L’après-midi est consacré à la distribution aux associations bénéficiaires. « Nous ne donnons pas directement aux démunis parce que nous souhaitons un travail d’accompagnement, ainsi qu’un accueil correct. Les associations et les CCAS savent faire cela et sont déjà bien implantés sur le territoire. »

Voilà 30 ans que les choses se passent ainsi, 30 ans que la mobilisation des bénévoles ne faiblit pas. La pauvreté non plus...

Les chiffres de la Banque Alimentaire de l'Isère

150 bénévoles permanents, 3 000 pour la collecte annuelle d’automne, quatre salariés. Voilà pour les moyens humains. Un entrepôt de 1 300 m², un espace frais de 200 m² et cinq véhicules, voilà pour les moyens techniques.

La Banque Alimentaire de l’Isère, grâce à cela, peut donner les produits qui sortent de la distribution (grandes surfaces ou entreprises) à 75 associations (dont 15 CCAS) et cinq épiceries sociales, et assure ainsi l’aide alimentaire de 5 500 personnes chaque semaine (5 kilos par personne et par semaine).

La “ramasse” dans un magasin représente 770 kilos par matin (du lundi au jeudi), soit 3 tonnes par jour sur l’agglomération.

« On se rend ainsi compte du gaspillage...», s’indignent les bénévoles.

La collecte annuelle en Isère est évaluée à 236 tonnes en 2013.

Le budget de la Banque Alimentaire de l’Isère s’élève à 400 000 euros, « ce qui permet quelques investissements (100 000 euros par an) ». Mais si on valorise la  marchandise, on arrive à un budget de 6 millions d’euros.

Des portes ouvertes aujourd'hui à Sassenage

Pour fêter les 30 ans de la Banque Alimentaire nationale – même si l’antenne iséroise n’a “que” 28 ans –, le local de Sassenage ouvrira ses portes au public aujourd’hui, samedi 25 octobre.

On pourra évidemment rencontrer les bénévoles qui se démènent tout au long de l’année pour assurer l’aide alimentaire et qui expliqueront aux personnes intéressées les fondements de l’association, sa démarche et ses valeurs. On pourra également visiter l’entrepôt de 1 300m2 et prendre conscience de l’attention qui est portée aux produits redistribués aux démunis.

Mais, surtout, on vous parlera de la collecte annuelle de novembre. « Il s’agira de sensibiliser les personnes qui viendront ce jour-là pour qu’elles se déclarent être prêtes à nous aider à l’automne », avance Bernard Perry.

Et d’avouer que « depuis que je suis là, la collecte a toujours été plus importante d’une année à l’autre. La générosité ne faiblit pas et de plus en plus de magasins nous laissent entrer ».

Le succès s’explique aussi par le fait que « nous ne demandons pas d’argent. Les clients achètent des produits et les remettent à nos bénévoles. Et cela une fois par an ».

Parfois, lors de la collecte, de belles surprises attendent le président.

« J’ai déjà vu une personne donner deux caddies de courses. Elle avait gardé l’argent qu’elle aurait voulu nous donner par mois et a tout dépensé ce jour-là ! »

La collecte annuelle est une partie très importante pour la Banque Alimentaire.

« Nous distribuons 240 000 colis de 5 kilos. La collecte représente un de ces cinq kilos ». La “ramasse” est constituée de produits frais.

« Le but de la collecte est de faire entrer des denrées alimentaires complémentaires de celles reçues par ailleurs, soit des conserves de légumes, de poissons, confitures, laits, café… Cela permet un meilleur équilibre nutritionnel
par le biais des paniers préparés chaque jour. »

En 2013, 127 magasins ont participé à cette collecte le dernier week-end de novembre.

Dans le Nord-Isère, la Croix-Rouge se mobilise pour la Banque Alimentaire

La Croix-Rouge du Nord-Isère sera aussi sur le pont pour la collecte de la Banque Alimentaire. Plus d’une soixantaine de bénévoles seront mobilisés les vendredi 28 et samedi 29 novembre prochain, jour de grande collecte annuelle. La délégation est prête.

« En accord avec la Banque Alimentaire, nous avons déjà contacté les supermarchés où nous allons nous rendre, explique Cédric Pichard, président de la délégation de Bourgoin-Jallieu. Nous n’avons jamais de refus. »

Les bénévoles seront postés aux quatre coins du Nord-Isère, devant chaque entrée des magasins. Ils seront au moins quatre.

« Nous allons collecter essentiellement les produits secs à longue conservation : riz, pâtes, conserves de légumes, de fruits, mais aussi des produits d’hygiène, et pour les bébés, comme les petits pots et les couches. »

Une collecte qui demande une vraie organisation pour la Croix-Rouge berjallienne : « Il y a la partie collecte. Ensuite, tout est ramené en vrac à la délégation,
rangé et pesé. Comme nous sommes très loin du centre de Sassenage, nous gardons tout ici et nous ferons la distribution à Bourgoin-Jallieu. »

Selon Cédric Pichard, les quantités collectées augmentent d’année en année.

En 2013, pour le Nord-Isère, 16 tonnes de produits ont ainsi été recueillies. Dont beaucoup de petits pots pour bébés.

« Le public est relativement actif pour les aliments, observe Cédric Pichard. Il faut dire que contrairement à l’argent, la nourriture, ils sont sûrs de savoir où ça va. »