La collecte de la Banque Alimentaire, c'est ce week-end

Collecte nationale
Dossier du Dauphiné Libéré du 28/01/2021
20210128DL

La collecte de la Banque Alimentaire, c'est ce week-end

Elle aurait dû se tenir fin novembre, comme chaque année, mais le président Christian Chédru a préféré, pour des raisons de sécurité sanitaire, reporter la grande collecte de la Banque Alimentaire de l'Isère à ce week-end. Et les besoins sont là...

« La Covid a mis l'aide alimentaire en avant. Un enjeu majeur après le sanitaire ». Christian Chédru, président de la Banque Alimentaire de l'Isère (BAI), constate que « beaucoup de choses ont été votées ces derniers mois et ça dépasse les problématiques nationales. L'Europe a transformé son Fonds d'aide aux plus démunis en Fonds de solidarité européenne : et là, il y a eu des lignes budgétaires grossies... 40 % en plus pour l`aide alimentaire ». En tonnage de denrées, on passe de 500 tonnes en 2020 à 800 en 2021.

Le président de la BAI pourrait simplement se réjouir de « cette prise de conscience de nos élus » mais cette augmentation signifie parallèlement que « la paupérisation s'installe dans la durée ». Et de réfléchir à voix haute : « 90 % de nos démunis ont un toit. Tant mieux s'ils sont à l'abri. Mais ça veut dire que plus ça va, plus on s'installe sur de l'aide alimentaire aussi pour eux ». Une hausse de 16 % des bénéficiaires et des situations très compliquées

Et la Covid enfonce un peu plus encore les statistiques. Plus 16 % de bénéficiaires entre février 2020 et janvier 2021. Même si Christian Chédru tempère : « Il y a une hausse d'associations partenaires, une dizaine ». Mais il faut aider de nouvelles personnes : les étudiants, les victimes de violences conjugales et les chômeurs... « Les étudiants n'ont plus les petits boulots qui pouvaient leur donner une aide alimentaire et en plus, sont troublés psychologiquement. On a eu une très forte hausse entre mars et juin : 600 jeunes chaque semaine. Ensuite certains sont rentrés chez eux. Mais ceux pour qui les relations avec la famille étaient difficiles, ça a été hyper compliqué ».

Les aides ont été là... mais ponctuelles : « De vrais échanges entre les collectivités - État, Préfecture de région, Région, Département et Métro - et des associations. En évaluant nos besoins, nos compétences et nos valeurs, on a pu accompagner beaucoup d'associations et de points de restauration ». Dans le même temps, des lieux d'hébergement, portés par l'État, ont été créés pour les personnes à la rue, des femmes en difficulté, des migrants: « Quelque 550 lits dans le département » que la BAI a accompagnés avec la cuisine Trois étoiles solidaires, sept jours sur sept. « Ce n'est pas neutre pour notre association ».

Les associations proposant des petits-déjeuners ont aussi frappé à la porte de la Banque Alimentaire de l'Isere ; « Jusque-là, elles faisaient des petits-déjeuners partagés. Mais avec le virus, plus question de les organiser. Nous avons dû trouver des produits individuels facilement distribués. Idem dans les lieux d'hébergement, Aujourd'hui, chaque semaine, nous distribuons des denrées pour 4 000 petits-déjeuners : confiture, chocolat, compote, fruits... qu'il faut soit récupérer dans les magasins, soit acheter ». Sans compter les soupes pour les maraudes et la Croix-Rouge. Enfin, est apparue la problématique des bébés. Pour tout cela, l'aide du second plan de relance est de 170 000 euros, un plus pour faire face. La BAI a également bénéficié de l'opération départementale : dix tonnes de fruits et légumes. Et la Région a dédié un budget pour l'investissement et a permis un apport en produits laitiers régionaux. Le grand public et les entreprises ont été généreux et ont envoyé d'eux-mêmes des chèques d'un joli montant, voire ont organisé de petites collectes.

Il n'empêche que la Banque Alimentaire de l'Isère a dû faire face à la situation sans la collecte qui aurait dû avoir lieu en novembre. Trois mois sans ces denrées... Alors ce week-end, elle compte beaucoup sur la générosité de tout un chacun.

Katia CAZOT


Les 29 et 30 janvier, 3 000 bénévoles dans 100 magasins

Fin novembre, la situation sanitaire rendait trop dangereuse la collecte de la Banque Alimentaire. Christian Chédru, le président isérois, a préféré la reporter même si cela voulait dire faire sans les denrées pendant trois mois, soit 35 tonnes qu'il a fallu trouver autrement. Cette fois, c'est le couvre-feu à 18 heures qui risque d'amoindrir la collecte. Mais elle se tiendra tout de même vendredi 29 et samedi 30 janvier. Avec quelques points dès le jeudi 28.

« Nous ne pouvons plus retarder ce rendez-vous avec le publie vu l`état de nos stocks. Le premier objectif étant de ne pas baisser la distribution ». La BAI demande en priorité des produits à forte valeur nutritive : riz, lentilles, poissons en boîte, légumes en boîte et plus généralement des produits pour les bébés.. « C'est nouveau. La problématique des bébés n'apparaissait pas avant. Nous en aidons une soixantaine par jour et les produits qui leur sont destinés ne sont pas dans les ramasses quotidiennes ».

Ainsi quelque 3 000 bénévoles, les gilets orange, collecteront dans une centaine de magasins en Isère. Encore une lois, il n'y a pas de baisse de bénévoles, « parce que de nouveaux se sont présentes et pourront remplacer les plus anciens qui ont peur de la Covid »

Grâce à cette collecte et toutes les aides de l'Europe, de l'État et des collectivités, la Banque Alimentaire de l'Isère pourra accompagner 8  000 bénéficiaires de la distribution (6 kilos par bénéficiaire par semaine) plus les 500 repas quotidiens. « Ce que l'on a réussi en 2020, nous devons le pérenniser en 2021. »

K.C.

Ordre national du Mérite et Légion d'honneur

Durant toute cette période de crise sanitaire, la Banque Alimentaire de l'Isère « a été très présente ». Et c'est pour cette incroyable implication que deux personnes représentant l'association seront très prochainement décorées. Le vice-président Francis Gaspard sera fait chevalier de l'ordre national du Mérite. Une distinction déjà reçue par Christian Chédru. Lui se verra décerner, cette fois, la Légion d'honneur, proposée par la préfecture et le Ministère des solidarités et de la santé. « Deux personnes de l'association, ce n'est pas neutre. On a été acteurs pendant la Covid, on a toujours été à la recherche de solutions pour répondre parfaitement aux besoins des bébés, des petits-déjeuners des associations partenaires, des étudiants...  On s'est battu pour que ça réponde aux attentes et aux besoins individuels des personnes en difficulté ». Et de donner un dernier exemple : « Adoma est une structure touchée par la Covid. Les 45 personnes ont été isolées par l'Agence régionale de santé et la préfecture, qui a fait appel à nous. Nous avons donné des repas Trois étoiles solidaires deux fois par jour pendant deux semaines ». Ce qui lui permet d'affirmer que « c'est aussi pour cela qu'on est reconnus. Parce qu'on n'a pas dit “non". On y est allés ».

K.C.