Repas de noël aux démunis

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23/12/2015 - article du Dauphiné Libéré
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Le restaurant “Le 5” organisait hier avec l’association ASDF son repas de Noël aux démunis

« Pour le repas de Noël, ils mettent le paquet. » Feneck, c’est ainsi qu’il se présente, sait de quoi il parle. Dix ans qu’il vient chaque année au restaurant “Le 5” pour profiter d’un repas servi gratuitement aux plus démunis à l’approche des fêtes. L’événement, qui a vu le jour il y a maintenant quinze ans, est organisé par le propriétaire du restaurant, Pierre Pavy, et l’association Accueil SDF (ASDF).


Une demi-heure avant l’ouverture des portes, un petit groupe s’est déjà formé en haut des marches du Musée de Grenoble, d’où on accède au “5”. Tout le monde semble se connaître, discute en fumant une cigarette. Pierre est de ceux-là. À 49 ans, cela fait plusieurs années qu’il fréquente les associations grenobloises d’aide aux démunis. Après avoir passé trois ans dans la rue au début des années 2000, il obtient l’Allocation adulte handicapé et trouve un appartement en HLM. Entre les allers-retours en hôpital psychiatrique, la dépendance au cannabis, ses deux enfants qu’il ne voit plus depuis son divorce, la vie ne l’a pas épargné. « J’ai eu un parcours difficile hein ? », conclut-il.
À midi, le restaurant ouvre. Anna Lavédrine, directrice de l’ASDF, vérifie les cartons d’invitation, distribués précédemment par son association. Elle salue chaleureusement tout le monde, échange quelques mots en italien avec certains, essaye de trouver une place pour ceux venus sans ticket. « Ce sont des gens précaires, avec parfois des troubles psychiatriques, des addictions, souvent dans une grande solitude, présente-t-elle. Certains vivent dans la rue, mais ça n’est pas la majorité. »


« C’est kasher ? » lui demande timidement une jeune mère avec sa poussette. « Bien sûr, c’est kasher. Et hallal aussi. » La diversité est grande parmi les convives désormais attablés, partageant leur soupe au foie gras. Des punks à chiens vivant en squat, des personnes empêchées de travailler par un handicap, des retraités précaires. Christiane était aide-soignante, mais elle a dû s’arrêter de travailler plusieurs années pour élever ses quatre enfants. Arrivée à la retraite, il lui manque des années de cotisation et la pension est maigre. « Je gagne moins que le Smic », témoigne-t-elle entre deux cuillerées de bûche de Noël. Pour boucler les fins de mois, elle commence à se rendre aux associations d’aide aux démunis. « Le Vieux Temple, Le Fournil aussi. Au début, c’est dur, on a l’impression de tomber très bas. Mais ce n’est pas vrai, c’est la vie qui a voulu ça. » Elle y rencontre en définitive « des gens très polis et surtout beaucoup de chaleur, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs ».


Le repas s’achève finalement et les hôtes quittent “Le 5” en remerciant le patron, pendant que le maire Éric Piolle, avec les autres bénévoles, commence à débarrasser.