Les 3 étoiles solidaires de Pierre Pavy font bouillir la marmite

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22/12/2015 - Hôtellerie Restauration
Corps
20151222LHR

Grenoble (38) Pierre Pavy multiplie les initiatives en faveur des sans-abris pour leur apporter un vrai repas chaud cuisiné. Des idées à méditer.



À la tête de cinq établissements (Le 5, le Caffé Forté, La Cave du Caffé Forté, Ici-Grenoble, La Veyrie), Pierre Pavy, 65 ans, se présente non pas comme un militant mais un combattant. Son combat ? Vaincre la faim. Cela commence il y a quinze ans par un repas de Noël servi gracieusement à une centaine de SDF. "Nous avons toujours eu le soutien de nos fournisseurs qui nous offrent la matière première. Reste à transformer les produits et trouver des bénévoles. C'est facile", dit Pierre Pavy. Puis vint l'idée du repas à 1 euro proposé dans l'un de ses restaurants le samedi à Grenoble aux SDF et aux personnes en difficulté entre novembre et mars. Une quarantaine de personnes se sont attablées chaque samedi pendant 4 ans.


Dernière initiative en date et non des moindres : les 3 étoiles solidaires qui ont pris le relais à la rentrée. Le principe est simple mais demande une logistique bien rôdée et un budget de 100.000 à 150.000 euros. Les grandes surfaces et les centrales d'achat de la profession fournissent à la Banque Alimentaire de l'Isère des produits proches de la date limite de péremption. Ils sont ensuite transformés dans une cuisine centrale en plats cuisinés thermoscellés qui seront redistribués aux plus démunis via la Banque Alimentaire. « Nous avons mis trois ans pour trouver le lieu, les anciennes cuisines du collège Marc Sangnier à Seyssins, prêtées par le département. Des jeunes en formation CAP Cuisine à l'IMT viennent aussi travailler dans ces cuisines. Nous avons un chef qui réalise aujourd'hui 700 repas/jour. Nous devrions atteindre les 1000 repas/jour en janvier, estime Pierre Pavy dans une interview sur Europe 1, car son combat est médiatisé. Vous savez, ce sont souvent les meilleurs produits qui ne se vendent pas dans les grandes surfaces, donc on fait de très bons repas. Nous avons récupéré l'autre jour 50 kg de côte de boeuf charolaise. Transformés en émincé de boeuf aux 5 épices, c'était un régal !».


En parallèle, dans ses restaurants, Pierre Pavy a instauré "l'euro solidaire" soit 1 euro supplémentaire par table pour soutenir les 3 étoiles solidaires (30.000 euros/an). Un flyer informe les clients de leur participation à cette opération qui permet de fournir un bon repas à déguster sur place dans les associations livrées par la Banque Alimentaire ou à emporter.


"On tient jusqu'en mars. Pourtant, il faut bien se rendre compte qu'il y a un tel besoin qu'il faudrait que cela ne s'arrête pas. Dans ces cuisines solidaires, nous pouvons aussi faire de la formation, de la réinsertion et créer des emplois", souligne Pierre Pavy. Un réel besoin qui s'illustre désormais chez les étudiants. "2 étudiants sur 10 ne font qu'un repas par jour. Nous allons nous rapprocher du Crous pour trouver un moyen de leur fournir un repas le soir", ajoute-t-il. Un conseil pour ceux qui souhaiterait suivre son exemple ? "Rapprochez -vous de la Banque Alimentaire de votre région, des associations et trouvez un interlocuteur au niveau du département".