Étudiants, ils n'ont plus d'argent pour s'acheter à manger...

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Article du Dauphiné Libéré du 17/04/2020
 

Le Crous Grenoble Alpes livrait ce jeudi de l'aide alimentaire pour des dizaines d'étudiants en grande précarité pendant cette période de confinement.

 

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« Je vivais avec 650 euros par mois. Mais, depuis l'arrêt d'une activité complémentaire à mes études en raison du confinement, j'ai perdu 150 € mensuels. Ça commençait à piquer... » Alors, ce jeudi, Pierre-Maël a quitté son studio « moisi, d'où je ne vois même pas le soleil », pour gagner le campus et récupérer de quoi manger.

Comme lui, ils étaient plus de 200 à s'être déplacés, à l'invitation du Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires), car être étudiant et pauvre, c'est une réalité qui s'est amplifiée pour tous ceux, nombreux, qui vivaient de petits boulots. « C`est notre deuxième opération alimentaire, après une évaluation sociale des plus précaires, explique Frédéric Gentes, directeur adjoint du Crous. La semaine dernière, 170 des 400 étudiants à qui nous avions adressé un mail étaient venus. » Ce jeudi, ils étaient un peu plus encore, chacun attendant son tour sur le parvis d'lntermezzo. « On se déplace aussi sur le site du Rabot et de la résidence universitaire olympique, explique encore M. Gentes, mais désormais, c'est l'interasso étudiante qui effectue la distribution pour ces deux sites. »

À l'intérieur du magasin désormais solidaire, lait, produits frais et secs, et même confiseries, sont distribués par le personnel du Crous, mais aussi des serviettes et tampons hygiéniques pour lutter contre la précarité menstruelle. Mesures barrières, masques, gants, vérification du statut, l'organisation est au cordeau même si les étudiants, dont les besoins vont grandissant, restent très disciplinés.

« Nous avons de l'aide de la Banque Alimentaire, mais aussi des fonds que nous avons de nos différents restaurants universitaires fermés depuis le 16 mars, poursuit M. Gentes. Plus des dons d'un de nos fournisseurs qui avait des produits en date limite de consommation »

La file d'étudiants, proportionnelle à l'augmentation de sollicitations du service social du Crous, s'étire le long de l'avenue centrale qu'aucune voiture, ou presque, n'emprunte désormais. Les vivres à la main, Zach n'a rien perdu de son sourire, même si la situation de cet étudiant burkinabé n'a rien d'enviable. « Je tiens le coup, je me consacre à mes études. Mais j'avais un petit boulot 10 heures par semaine qui me rapportait 400 euros. Ils me manquent aujourd'hui car je ne suis pas boursier... Heureusement, j'avais mis de l'argent de côté et je vis sur mes économies. Depuis mars, la situation est quand même compliquée pour moi. » Même perte d'emploi et même démarche pour Tatiana, qui espère pouvoir rentrer en Russie en juin. « J'ai vu cette distribution alimentaire sur les réseaux sociaux et je suis venue car je n'ai plus vraiment de revenus. Par contre, j'ai plein de choses à faire parce que les profs pensent qu'on n'a jamais assez ! Et puis, ce vendredi, j'ai un examen à passer. Et maintenant, j'ai de quoi manger pour une semaine. »

J-B.V.

Voir aussi : Grenoble : de l’aide alimentaire pour des étudiants précaires, une vidéo sur le site du Dauphiné Libéré