Banque Alimentaire de l'Isère : "Une vision des stocks jusqu'au 20 avril"

Evénement
Article du Dauphiné Libéré du 3 avril 2020
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Lors des deux dernières semaines, l'association a distribué plus de 70 tonnes de denrées alimentaires aux personnes et structures qui en avaient besoin. Et ce n'est pas fini...

Pour Christian Chédru, président de la Banque Alimentaire de l'lsère (BAI), la solidarité n'est pas un vain mot. « Là, nous sommes face à une adversité et à une urgence sanitaire. Il n'y a pas à se poser de questions. ll faut être pugnaces, solidaires et aider sans retenue. Les associations, on les reconnaît aussi dans ces moments de crise majeure. Avec ce qu'il se passe, on ne peut pas être sur la touche », explique-t-il.

Depuis des années, et plus largement encore depuis l'épidémie de Covid-19, l'homme, ses bénévoles et les quatre salariés de sa cuisine “Trois étoiles solidaires" ne ménagent pas leurs efforts : en deux semaines seulement, la structure a distribué quelque 70 tonnes de denrées alimentaires.

Et c'est loin d'être fini : « Si on continue comme ça durant tout le mois d'avril, nous atteindrons entre 170 et 200 tonnes de produits alimentaires distribués ».

Depuis le confinement, la BAI - dont la vocation est d'accompagner les associations mais aussi les CCAS - continue d'agir en direction des publics les plus fragiles et s'apparente même comme « le maillon indispensable du dispositif alimentaire » à l'heure où nombre d'associations solidaires ont fermé, faute de bénévoles. De ce fait, « nous sommes venus en substitution des réseaux habituels comme Le Fournil ou encore Les Restos du cœur, et nous avons de fortes demandes », précise Christian Chédru, qui cite notamment l'association Magdalena à Grenoble ou encore Le Patio solidaire du campus universitaire. Des bénéficiaires dans une situation difficile « que la crise actuelle augmente ».

Le mode de fonctionnement de la BAI, contexte sanitaire oblige, a dû évoluer. Avec les bénévoles d'abord qui sont une trentaine actuellement, contre plus de 170 d'ordinaire. « J'ai souhaité protéger la majorité d'entre eux qui ont plus de 70 ans. Certains trépignent d'impatience pour aider mais c'est mieux comme ça », dit-il. Et l'activité a aussi été recentrée car les “ramasses" dans les magasins de la grande distribution ne se font plus. « Elles ne sont pas compatibles avec les mesures barrières et l'objectif, c'est d'être tous en bonne santé quand on sortira de cette crise », précise-t-il encore.

Pour autant, les stocks sont là. Connue et reconnue, la Banque Alimentaire de l'Isère peut compter sur les excédents des cuisines centrales, de celle du Département, du Crous, du Chuga... et ce ne sont pas les seuls “bienfaiteurs". « Les entreprises de l'industrie agroalimentaire nous donnent aussi beaucoup. Nous avons des stocks de viande, de fruits », détaille Christian Chédru. Sans oublier les produits secs issus de la collecte nationale et du Fonds européen, de type pâtes. riz, légumes en conserve.

« Nous avons encore de quoi voir venir avec une vision claire des stocks jusqu'au 20 avril, sachant que des livraisons sont prévues la semaine prochaine. Après, nous n'avons pas encore d'opportunités mais on les cherchera de façon à ce que les personnes démunies soient les moins en difficulté. voire les moins pauvres des pauvres ». conclut-il.

Ganaële MELIS

 

La cuisine "Trois étoiles solidaires" en soutien

La Banque Alimentaire de l'Isère dispose d'un outil indispensable, sa cuisine baptisée “Trois étoiles solidaires" d'où sortent quelque 3 000 repas chaque semaine. Car la BAI ne fait pas que distribuer une gamme de produits alimentaires, elle les transforme aussi. C'est le cas pour les bénéficiaires qui n'ont pas de toit, pour ceux qui sont hébergés à l'hôtel ou encore ceux de la structure Magdalena, entre autres. En cette période de confinement, la cuisine fonctionne à plein régime. Depuis deux semaines, elle a même élargi son activité. « Traditionnellement, nous travaillons quatre jours par semaine. En ce moment, c'est beaucoup plus. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons cuisiné 2,5 tonnes de viande livrée par une entreprise, sinon c'était perdu », selon Christian Chédru. Pour qui l'objectif, que ce soit par la distribution de produits frais ou la livraison de repas, reste le même: « Même si on n'arrivera pas à faire des repas dits équilibrés, l'objectif c'est d'apporter de la nourriture à ceux qui en ont besoin en s'assurant de la qualité des produits ».

G.M.