Aide de jeunes dun chantier Concordia

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13/08/2016 - Dossier du Dauphiné Libéré
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Seize jeunes des quatre coins du monde sont venus aider les grands précaires

Ils viennent d’Ukraine, de Russie, de Turquie, d’Italie, d’Espagne, de Corée du Sud ou de France et ont une chose en commun : ils sont bénévoles dans des associations qui aident les grands précaires à Grenoble. Grâce aux chantiers Concordia, ces jeunes de 19 à 30 ans sont venus passer trois semaines dans la capitale des Alpes pour aider cinq associations grenobloises : le Secours catholique, l’Échoppe, le Fournil, Point d’eau et la Banque Alimentaire.

« L’été est un moment critique, explique Sylvain Gery, directeur de la Banque Alimentaire. Dans notre structure, nous avons la chance d’avoir un réseau de bénévoles très dense, donc on ne ferme jamais l’été, mais parmi les 84 associations conventionnées avec lesquelles nous travaillons, certaines sont paralysées à cette période, faute de volontaires. Et nous voulions une continuité dans l’aide alimentaire. Le diaconat protestant (qui gère l’Échoppe, NDLR) a donc eu l’idée de faire appel à des jeunes et grâce à Concordia, ces associations n’ont pas fermé. »

Les tâches effectuées par ces seize jeunes sont donc les mêmes que font tous les bénévoles : préparation de colis alimentaires à destination de familles, d’étudiants précaires ou de demandeurs d’asile à l’Échoppe ; manutention, préparation de commande, pesée et distribution aux associations à la Banque Alimentaire ; préparation de 80 à 100 petits déjeuners et accueil des sans-abri au Secours catholique ; accueil et aide aux grands précaires à Point d’eau et production de repas, accueil et nettoyage au Fournil.

Les raisons qui ont poussé ces bénévoles à venir des quatre coins du monde sont à peu près les mêmes pour tous : l’envie d’aider et de « se sentir utile », bien sûr, mais aussi celle d’acquérir de « l’expérience de la vie », de s’enrichir en voyageant, de perfectionner son anglais ou son français. À une semaine de la fin de leur séjour, la plupart se disent « heureux » d’avoir fait cette expérience, même s’il « est difficile de voir qu’il y a tant de gens en détresse ».

Pour les encadrer, deux animateurs, eux aussi bénévoles, se chargent de leur programme et de tous les à-côtés (logement, nourriture…) Miriam est allemande et Mickaël, français. Si c’est une première pour la jeune femme, Mickaël en est à son troisième chantier. « Mais le premier en tant qu’animateur. L’expérience est donc différente, nous sommes là en appui pour les volontaires. » Le jeune homme de 25 ans est convaincu des bienfaits de ce type de projet. « Un chantier Concordia, c’est un voyage immobile : chacun apporte sa langue, sa religion. Les bénévoles apprennent beaucoup les uns des autres. Et ici, ils apprennent aussi beaucoup au sein des associations. C’est une super expérience ! »

Garlonn GAUD

Le Fournil et Point d’eau sont les deux associations les plus demandées par les bénévoles, qui aiment être « au contact des gens »

Sur toutes les associations impliquées dans ce chantier Concordia, le Fournil et Point d’eau sont celles « où les bénévoles voulaient le plus rester », selon Miriam, l’animatrice, qui explique que c’est là qu’ils sont « vraiment au contact des gens. De plus, tous les jeunes qui avaient choisi ce chantier n’avaient fait aucun autre choix (ils peuvent en faire huit maximum sur le site internet, NDLR), ils voulaient vraiment faire du social ».

Au Fournil, Klaus, Vladimir, Alberto et Manix ont préparé jeudi entre 80 et 100 repas qu’ils ont ensuite servis. Ils font aussi des menus travaux, du nettoyage et de l’accueil. « Ils intègrent pleinement l’équipe, se réjouit Joris Schotte, directeur de la structure. Et grâce à leur présence, nous avons pu répondre aux exigences de l’ouverture continue, car d’habitude nous fermons trois semaines l’été. Ils sont venus consolider l’équipe. »

Compte tenu de la particularité du public reçu, le directeur explique que les jeunes ne sont « à aucun moment seuls. On est vigilants car les gens en grande difficulté ont parfois des comportements qui peuvent surprendre ». Les quatre volontaires présents ce jour-là ont tous admis avoir été touchés par les situations rencontrées. « Ça ouvre l’esprit », a confié le plus jeune de cette promotion, Klaus, un Italien de 19 ans. « On doit les aider en tant qu’humain », a renchéri l’Ukrainien Vladimir.

Au Point d’eau, c’est l’éducateur spécialis Pascal Dagneaux qui a reçu les jeunes. « J’avais demandé qu’il n’y ait pas trop de rotation pour qu’ils aient le temps de connaître le travail. Une visite au zoo, ça ne suffit pas. Il faut venir plus qu’un jour pour se rendre compte. » La structure, qui tourne en horaires réduits l’été, voulait elle aussi pallier le manque de bénévoles. « Car il n’y a pas moins de gens à aider l’été. Au contraire, leur situation est plus cruelle encore à ce moment-là puisque beaucoup de structures ferment . C’est une zone d’abandon. Actuellement, des gens ont faim. »