Banque Alimentaire : plus de seniors, beaucoup de femmes

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24/11/2017 - article du Dauphiné Libéré
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Le réseau des Banques Alimentaires organise vendredi et samedi sa collecte nationale annuelle de denrées, avec une présence dans 8 000 magasins.


Un rendez-vous annuel et décisif. Pendant deux jours, les Banques Alimentaires réalisent leur grande collecte nationale dans des magasins de tout le pays. « Si on était une entreprise, on pourrait dire qu’on fait 10 % de notre chiffre d’affaires annuel en un weekend », souligne le président, Jacques Bailet. « Mais l’importance est aussi symbolique, c’est un grand moment de solidarité à l’échelle du pays. » Les produits récoltés sont stockés et distribués tout au long de l’année. Qui bénéficient de cette aide et par quel biais ?
Le réseau ne distribue pas directement les denrées récoltées. Il tient le rôle d’une sorte de distributeur de l’aide alimentaire, grâce à ses 5 400 associations et centres communaux d’action sociale (CCAS) partenaires. Au total, les Banques Alimentaires ont permis en 2016 la distribution de l’équivalent de 212 millions de repas. Lesquels ont aidé deux millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire.
L’aide alimentaire concerne au total 3,9 millions de personnes en France, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales de 2014. Environ 50 % de ceux qui ont recours à l’aide alimentaire ont été contraints de le faire après une perte d’emploi, la deuxième cause étant la rupture familiale. Il n’y a aucune fatalité dans ce recours, souligne Jacques Bailet : « Une part non négligeable des personnes sortent de l’aide alimentaire après cinq ou six mois. » Ce qui ne signifie pas qu’ils n’y ont plus recours ensuite.
« Les bénéficiaires sont pour environ 80 % d’entre eux inactifs. Cela ne veut pas dire qu’ils sont tous au chômage, il y a des personnes en maladie de longue durée, qui n’ont jamais travaillé, etc. », explique Jaques Bailet. Particularité du public en insécurité alimentaire : on compte une forte majorité de femmes (70 %). Une caractéristique à mettre en lien avec la surreprésentation des familles monoparentales (28 %).
La moyenne d’âge des bénéficiaires a augmenté ces dernières années. Elle est passée de 43 ans en 2012 à 45 ans en 2016. « On sent une vraie progression du nombre de seniors dans le public de nos associations partenaires », confirme Jacques Bailet. Ils ne font néanmoins pas partie des populations surreprésentées parmi les bénéficiaires, mais ce constat statistique peut être trompeur. « On estime qu’une part importante des personnes âgées en insécurité alimentaire ne vient pas dans les associations », note le président. « Soit parce qu’elles ne savent pas comment bénéficier de l’aide, soit parce qu’elles ne l’envisagent pas pour des questions de valeurs. » La collecte nationale permet aussi de rappeler à ceux qui sont dans le besoin que cette aide existe.
J.K.


Le chiffre

40 % des denrées récoltées viennent des grandes surfaces. 25 % des produits sont donnés par les industriels et les agriculteurs. Enfin, 23 % sont issus du fonds européen d’aide aux plus démunis.


Objectif : 24 millions de repas en deux jours


Les Banques Alimentaires souhaitent récolter « en priorité des plats cuisinés, des conserves de fruits, de légumes ou de poisson, des soupes, des féculents et légumes secs, de l’huile et du sucre ». Pour ce faire, leurs bénévoles seront présents dans 9 000 points de collecte.
« À une époque où près de neuf millions de Français vivent sous le seuil de la pauvreté, ces deux jours nous permettent de collecter chaque année l’équivalent d’environ 24 millions de repas grâce à la générosité de tous », rappelle son président Jacques Bailet. Les Restos du Cœur ont eux lancé mardi leur 33e campagne hivernale. Entre 136 et 140 millions de repas, contre 135,8 millions l’an dernier, vont être distribués par les 2 085 centres et antennes de l’association créée par Coluche en 1985. Cette aide sera apportée par les 71 000 bénévoles des Restos.