Faute de subvention, la Banque Alimentaire recule

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16/03/2019 - article du Dauphine Libéré
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Faute de subventions, la Banque Alimentaire recule

Si la Banque Alimentaire de l’Isère ne reçoit pas un accompagnement financier « comme promis », elle devra renoncer à conditionner ses repas dans des barquettes écoresponsables.

Christian Chédru, président de la Banque alimentaire de l’Isère (BAI) pousse un gros coup de gueule, à la hauteur de sa déception. Faute d’une subvention promise, il va devoir renoncer à emballer les repas préparés à la cuisine Trois étoiles solidaires dans des barquettes en cellulose plus écologiques et revenir à des barquettes en plastique. « Et ça, c’est contraire à nos valeurs ».

Sur le fond, Christian Chédru n’est pas satisfait qu’on le brosse dans le sens du poil quand il s’agit d’évaluer le travail réalisé par les bénévoles de la BAI, mais qu’on rechigne « à transformer ces compliments en subventions ». Parce que le constat est simple, « la BAI va bien. En novembre 2018, sur le département, on a récupéré 2 000 tonnes de denrées alimentaires. On a une hausse des associations partenaires et on compte 5 800 bénéficiaires chaque semaine ».

Il resserre volontairement la problématique à l’agglomération grenobloise : « Là, c’est 750 tonnes de produits frais ramassés qui allaient avant à la poubelle. Notre cuisine Trois étoiles solidaires, depuis octobre 2015, est sur 80 tonnes de viandes et de légumes ». Cette cuisine, à Seyssins, prépare, grâce à un chef cuisinier et des bénévoles, et avec les produits ramassés, des repas distribués aux bénéficiaires.

« Au départ, le conditionnement choisi était des barquettes en plastique recyclable. Comme la plupart des cuisines centrales. Mais ce plastique n’est quasiment pas recyclé car il faut tout d’abord le récupérer, le laver et ensuite le redonner au prestataire. Trop compliqué. » En 2017, la BAI opte pour des barquettes en cellulose. « On est dans une démarche de développement durable, on veut une société vertueuse. Et là, la Métropole nous encourage, comme d’autres collectivités, car c’est innovant et novateur ».

Sauf que les barquettes en cellulose coûtent 7 000 euros de plus par an à la BAI par rapport aux classiques. « Politiquement, on avait eu des engagements. La Métropole est venue à nous pour nos valeurs. On a eu beaucoup d’échanges. Mais nous sommes toujours en attente de cet accompagnement. On a supporté seuls le surcoût pendant deux ans. Aujourd’hui, nous ne le pouvons plus et nous allons revenir, à contrecoeur, à des barquettes classiques ». D’autant que le prestataire lui a annoncé une future hausse du prix de 9 % « et encore, en faisant un geste car on est une association ». 

Christian Chédru regrette « de devoir être virulent pour avancer. Mais sans un appel aux collectivités, il faudra renoncer ».

Katia CAZOT