Banque Alimentaire : la grande collecte, c'est ce week-end

Collecte nationale
24/11/2021 - article du Dauphiné Libéré
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Comme chaque année fin novembre, la Banque Alimentaire fait appel au grand public pour renforcer son stock de produits secs. Un moment important pour les bénévoles.

La Banque Alimentaire de l'Isère (BAI) est en ébullition. Elle prépare son grand et unique rendez-vous annuel avec le public, la collecte dans les magasins. Elle aura lieu les 26, 27 et 28 novembre. Une fois de plus, elle s'avère indispensable.

« L'environnement est très difficile », commente Christian Chédru, président de l'association, « Concernant les produits frais, on souffre véritablement : on est en manque parce que les enseignes se sont lancées dans la lutte contre le gaspillage ».

Un comportement que ne peut qu'applaudir la Banque Alimentaire. Sauf que les ramasses quotidiennes des bénévoles dans les grandes surfaces diminuent de 20 à 70 % selon les lieux, « Et surtout, les produits que nous ramassons sont de moins bonne qualité, puisque les produits qui nous servaient avant sont vendus. Et nous regrettons fortement que ces produits, moins chers puisque la date de péremption approche, profitent à des personnes qui ont les moyens d'acheter mieux ou plus cher ». Alors même que ces produits frais sont un véritable apport nutritionnel dans la lutte contre la précarité alimentaire.

C'est vrai, la préfecture avec des subventions et le Département, grâce à des achats de fruits et légumes locaux poursuivent leurs aides. Il y a aussi la création d'une association entre les Banques Alimentaires de la région Aura qui permet de faciliter les échanges de produits frais. Un véhicule circule entre les départements pour dispatcher les grosses quantités de dons. « Mais tout cela ne compense pas la perte de la ramasse. »

Christian Chédru est tout de même moins inquiet quant aux produits secs, « Le plan de relance porté par l'Europe fait qu'on a une forte hausse de ce côté, entre 30 et 35 %. La prise en compte de la crise nous a été favorable en Isère car le nombre d'associations partenaires (associations et CCAS en lien direct avec les bénéficiaires, NDLR) a augmenté, passant de 85 à 100, c'est-à-dire 8 000 bénéficiaires par semaine, dont 70 % de femmes ». En d'autres termes, « il n'y a pas de hausse de la paupérisation mais des structures se sont créées car la précarité alimentaire a été mise en lumière par la crise sanitaire. Et ces nouvelles structures se tournent vers nous ».

Le président de la BAI insiste : « L'État, les partenaires, les professionnels se sont aperçus avec la Covid que l'alimentation était un point majeur. Autant on le vit au quotidien, autant certains ne le savaient pas... ». Le public lui aussi s'est manifesté : « On a eu des actes solidaires, comme des chèques. Durant la collecte de janvier, puisqu'en novembre 2020 elle a dû être reportée, on a eu des dons extraordinaires. On a fait les mêmes volumes dans moins de magasins et avec des horaires amoindris puisqu'il y avait le couvre-feu... Oui, la solidarité existe. En situation de crise, tout le monde se sent concerné. On va voir ce week-end : est-ce que cet élan de solidarité existe encore ? Je pense que oui. »

L'objectif affiché du week-end : 200 tonnes de produits secs collectés par 3 500 bénévoles dans 135 magasins. Quelques uns seront concernés le jeudi 24 et une dizaine le dimanche 28 mais le gros de la collecte se fera vendredi et samedi. La Banque Alimentaire espère collecter des produits à forte valeur nutritionnelle : riz, poissons en boîte, lentilles, plats cuisinés et pour le côté plaisir, du café et du chocolat. « On a élargi notre offre car nous proposons des produits pour bien petit-déjeuner, un
repas parfois organisé par des associations, CCAS ou centres d'hébergement ». Cela permettra de poursuivre sur la lancée de 2021 où 2 200 tonnes de denrées avaient été distribuées.

Katia CAZOT

“L'Atelier cuisine", pour faciliter les rencontres solidaires

Le projet de camion-cuisine prend forme. Aujourd'hui, il a même un nom : “l'Atelier cuisine". Il a été financé par la Région et la Caisse d'allocations familiales en grande partie, ainsi que par des partenaires publics ou privés. Le véhicule roule au gaz naturel pour véhicules, grâce à un partenariat avec la Métropole et à GRDF.

Totalement équipé pour permettre de cuisiner et stocker des produits, « l'Atelier cuisine va aller a la rencontre des personnes concernées dans nos treize territoires », affirme Christian Chédru. « Dans les zones blanches, la Banque Alimentaire a encore du mal à s'implanter, soit parce qu'il n`y a pas d'associations soit parce que les personnes en difficulté ne se font pas connaître ».

Mais on ne parle pas ici d'un camion de livraison... Non, l'idée c'est de pouvoir répondre à un projet avec tous les acteurs locaux et surtout de faire du lien entre les gens, avec les agriculteurs, entre ceux qui auraient des besoins et ceux qui pourraient y répondre. « Faire du maillage en étant facilitateur. » Quand le camion s'en va, il reste quelque chose, des traces. « Le camion, c'est un outil pour passer des messages qu'on ne peut pas laisser autrement. » Une fabrique à solidarité au long cours.

K.C.