Des bénévoles étrangers pour soutenir les associations en période estivale

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18/08/2018 - articles du Dauphiné Libéré
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Les “chantiers internationaux de bénévoles” : des associations de lutte contre l’exclusion et la précarité s’allient à Concordia pour la 3e fois


«J’aime aider les gens. C’est ce qui m’a poussé à venir ici », affirme Joan, un jeune Espagnol qui prête main-forte, bénévolement, à des associations de la région grenobloise.

Le jeune homme fait partie d’un groupe de seize volontaires, de nationalités diverses, venus en France dans le cadre du partenariat entre Concordia, une association qui met en place des “chantiers internationaux de bénévoles” au service de la communauté locale, et plusieurs associations de lutte contre l’exclusion et la précarité (L’Échoppe du diaconat protestant, le Secours catholique, la Banque Alimentaire de l’Isère, Accueil SDF et Point d’eau).

Depuis trois étés, la délégation de Concordia à Grenoble reçoit des bénévoles étrangers, et les répartit dans ces associations selon les besoins. « Les bénévoles ont été mis en relation avec Concordia par le biais de l’association dont ils sont membres dans leur pays. Cette année, ils viennent d’Ukraine, de Russie, de Serbie, d’Allemagne, de France, d’Espagne, du Mexique, de Turquie, d’Arménie et de Taïwan », précise Myriam Baboni, coordinatrice du projet des “chantiers solidaires” dans le cadre de son service civique.

Durant trois semaines (du 28 juillet au 17 août), grâce à différentes missions, ils se sont attelés à fournir une aide alimentaire et à gérer l’accueil de jour de personnes en situation de précarité, de sans-domicile fixe et de migrants. Ces derniers se voient mettre à leur disposition des repas et des douches, mais aussi des lieux conviviaux d’échanges.

« On prend le temps de discuter avec eux. Ça marche plus ou moins en fonction des gens. S’il y a une salle conviviale ou si des jeux sont organisés par les bénévoles, c’est plus facile, raconte Myriam. Malgré tout, on découvre que ça reste des personnes avec des besoins ordinaires d’échange et de rencontre ». « Ce n’est pas évident d’animer ces centres d’accueil à notre âge »

Ouvert à tous les volontaires, le projet accueille pourtant exclusivement des jeunes de 18 à 24 ans, cette année. « Ce n’est pas évident d’animer ces centres d’accueil à notre âge, notamment en termes de légitimité, confie Myriam Baboni. Il faut trouver un juste milieu entre le fait qu’on est inexpérimentés et la nécessité de fixer un cadre avec des règles. D’autant que certains bénévoles ne parlent que très peu français ».

Juanma, un Espagnol passant sa dernière semaine de “chantier” à la Banque Alimentaire de l’Isère, n’avait jamais réalisé d’aide bénévole auparavant. « J’ai voulu faire ça pour me connaître moi-même et faire quelque chose de bien, raconte-il.

Je vis près de Barcelone, mais pas dans la ville, donc je ne vois pas ces personnes qui vivent dans le besoin ». « C’est une façon d’être au contact des gens en difficultés. Et si je peux aider, tant mieux », ajoute Illya, son binôme ukrainien.

Lui-même n’est pas familier de ces pratiques. « Ça m’a beaucoup étonné que des gens soient prêts à aider sans rien en retour. On ne voit pas trop ça en Ukraine ». Des mots qui ne sont pas sans faire écho à l’enquête “La France bénévole“, réalisée par Recherches & Solidarités, qui déclare qu’un Français sur quatre donnait de son temps à une association en 2016.

Faustine LUNEAU


« Pendant l’été, beaucoup de bénévoles sont en vacances, donc ça permet de compléter les effectifs »


«Il y a trois ans, on s’est rendu compte que trop d’associations d’aide alimentaire fermaient durant l’été, explique Sylvain Géry, directeur de la Banque Alimentaire de l’Isère (BAI). On a donc eu l’idée de remplacer les bénévoles absents par ces jeunes étrangers venus réaliser des “chantiers solidaires” ».

Pallier la baisse estivale des effectifs bénévoles est en réalité la première raison de ce partenariat entre Concordia et les cinq associations. Ces dernières bénéficient de l’apport d’une main-d’oeuvre dynamique indispensable à leur fonctionnement en période estivale. « Beaucoup de bénévoles sont en vacances, donc ça permet de compléter les effectifs et d’abaisser la moyenne d’âge », assure avec humour Gérard, retraité et bénévole permanent à la BAI.

Au sein de l’association Point d’eau, l’équipe « fond comme neige au soleil » durant l’été, selon Pascal Dagneux, éducateur spécialisé engagé au sein de l’organisme depuis 2003. L’arrivée de personnes supplémentaires pour gérer le centre d’accueil de jour est donc une aubaine. « Ça nous apporte beaucoup. Les nouveaux arrivants sont à la fois efficaces et sympathiques. Ils savent gérer la logistique mais sont aussi naturellement ouverts à l’aspect relationnel et humain, ce qui est important, car une partie des personnes qu’on accueille viennent de psychiatrie ou ont des maladies mentales ».

Parmi les membres de la Banque Alimentaire de l’Isère, la présence de bénévoles internationaux fait aussi l’unanimité. « Ça nous permet d’avoir un échange culturel et une bonne ambiance. Ils donnent de leur personne, sont dévoués, agréables et toujours de bonne humeur », affirme Nanou, responsable des fruits et légumes. « Ça génère un brassage de populations intéressant puisque ce sont des gens qui, habituellement, ne se côtoient jamais », ajoute Sylvain Géry.

Selon ce dernier, le bilan du projet est positif. « Je pense que c’est une réussite. La Banque Alimentaire est une grosse structure donc on n’en a pas autant besoin que les autres, mais ça aide beaucoup les plus petites associations. J’espère qu’on va continuer les autres étés ».

F.I.