Bernard Perry assure une année de transition à la tête de la Banque Alimentaire

Vie associative
23/06/2222 - article du Dauphiné Libéré
20220623DL

Dans l'article ci-dessus, il faut lire 2 200 tonnes et 2 200 m2, et non 22 000.
C'est donc un local d'au moins 2 200 m2 que recherche la BAI.

Après le décès en février du président Christian Chédru, la Banque Alimentaire de l'Isère vient d'élire à sa tête Bernard Perry. Qui n'est pas novice en la matière.

L'esprit de Christian Chédru, le charismatique président de la Banque Alimentaire de l'Isère (BAI) décédé subitement en février dernier, plane toujours dans les locaux sassenageois. Un voile de pudeur s'installe autour de cette disparition traumatisante tant sur le plan humain que stratégique pour l'association. Sauf que pour mener à bien sa mission, venir en aide aux plus démunis, la Banque Alimentaire a besoin d'avancer, d'avoir des projets, un nouveau bureau ainsi qu'un président.

La chose n'était pas aisée. Aussi l'assemblée générale a été reportée de mars à juin. Et c'est Bernard Perry qui a été élu président. Lui qui a déjà été à la tête de l'association de 2009 à 2016, avant de passer la main à Christian Chédru. « Mais je ne reprends pas le flambeau, je ne reviens pas. C'est un passage pour une année de transition. pour assurer au mieux le quotidien de la BAI et le temps de trouver une nouvelle équipe ». Il ne veut pas s'étendre mais glisse: « On cherche des bénévoles très, très, très disponibles ». Et c'est bien ce qui faisait peur, après l'exemple d'investissement du regretté président : « Il avait mis la barre très haut ».

Voilà pour la référence au passé. Maintenant il faut regarder devant et Bemard Perry l'assure, « ce ne sera pas une année blanche. On va continuer tout ce qui a été lancé comme le camion-cuisine. L'action prévue en février a juste été reportée en mai. Mais rien n'a été annulé ». L'idée de ce camion était de partir sur les zones blanches de la BAI et de créer du lien entre les acteurs locaux et les personnes démunies selon des projets portés par le territoire, « On réfléchit à le faire vivre, il nous faut simplement le temps de se réapproprier le projet lancé par Christian ». D'autant que le chef de la Cuisine solidaire (à Seyssins) est motivé.

La Cuisine solidaire justement. approche de ses sept ans d'existence et assure 14 000 repas par mois. Les bénévoles préparent avec le cuisinier des repas conçus avec les produits de la ramasse matinale. Ce dispositif sauve des tonnes de denrées périssables le lendemain. « On produit un peu moins de repas qu'avant. D'abord parce que les approvisionnements sont moins bons ». Mais le président voit un problème poindre : « L'État nous a demandé durant la Covid de fournir des repas aux hébergés via deux associations (Ajhiralp cl Entraide Pierre Valdo]. Cela crée une contrainte : préparer chaque jour 100 à 150 repas de qualité et toujours différents, à 16 heures. On a exprimé la lourdeur du dispositif. Il faut trouver un compromis pour baisser la pression sur les bénévoles ».

Un autre axe de travail attend Bernard Perry cette année : accélérer sur le volet de la protection de l'environnement. Dès sa création, la Banque Alimentaire a allié la défense des plus démunis et la lutte contre le gaspillage. La portée environnementale est donc dans l'ADN de l'association. Pour aller plus loin, le camion-cuisine fonctionne au gaz naturel. « Avec la zone à faibles émissions (ZFE), nous allons changer nos six véhicules de ramasse. Nous avons aussi pris un compacteur pour les cartons afin de ne pas encombrer les déchèteries. Lorsqu'on est en Plan canicule, l'État nous demande de distribuer de l'eau. Afin d'éviter les bouteilles en plastique, on a investi dans des gourdes au logo de la BAI ».
Enfin, une réflexion est menée pour mutualiser les camions de l'association : « Ils nous servent le matin pour la ramasse mais pas l'après-midi. Les partenaires, eux, viennent récupérer les paniers l'après-midi avec leurs véhicules. Il y a quelque chose à repenser ».

Katia Cazot

 

En quête de locaux plus grands

« Ça fait partie des choses que j'ai redécouvertes». Bernard Perry le savait mais après avoir quitté la présidence en 2016, toujours bénévole, il se rendait à la Cuisine solidaire a Seyssins, oubliant presque que les locaux de la BAI sont... trop petits. « On le dit et le redit... Mais maintenant il faut sortir de cette affirmation et partir en quête d'un nouveau local ». Un groupe de travail a donc été missionné afin d'expliciter la façon dont la BAI souhaite travailler et ainsi mieux évaluer le besoin, « On dit qu`il faut 1 m2 par tonne distribuée. On distribue 2 200 tonnes de denrées, donc il nous faudrait 2 200 m2. Ici, on loue l 300 m2 pour le stockage ». Qu'ils soient trop petits ou pas, les locaux n'empêcheront pas l'organisation de la Grande Journée des bénévoles. « Après ces deux années de virus, on a besoin de renouer le lien. Certains n'ont pas souvent l'occasion de se voir, comme ceux de Sassenage et de Seyssins, ou ceux qui sont uniquement sur les ramasses ».

K.C.

Moins de produits frais, quelles solutions ?

La Banque Alimentaire fournit aux plus démunis, via des associations partenaires ou CCAS, six kilos de denrées par personne et par semaine, soit trois kilos de produits frais issus des ramasses et trois kilos de produits secs récoltés grâce à l'Europe et la collecte de novembre.

Mais depuis quelque temps, les grandes enseignes donnent moins car elles ont mis en place un système de réduction pour vendre les produits qui approchent de leur date de péremption. Certes, cela veut dire moins de gaspillage alimentaire et la BAI s'en félicite. « Mais ce ne sont pas ceux qui en ont le plus besoin qui en profitent. » Et cela est synonyme de manque pour l'association.

Le président a également remarqué que « les très grandes surfaces sont en perte de vitesse. Beaucoup de petites surfaces s'installent dans les centres-villes. Cela nous complique la tâche : pour ramasser le même tonnage, cela nous reviendrait à un coût plus élevé ».

Pour l'instant, la BAI arrive à faire face, « L'Europe, avec les plans de relance, a doublé ses dons. Et nous avons finalement eu deux collectes en 2021 ». Mais les bénévoles réfléchissent à une autre façon d'obtenir des produits frais. « Jusqu'à maintenant, nous ne les achetions pas. La fédération nationale des Banques alimentaires nous permet, depuis peu, de le faire. Alors, comme la ramasse se réduit, on pourrait y songer et faire appel, pour la première fois, à la générosité du public ». La BAI acceptait - sans les demander - les dons, mais les avait toujours dépensés en fonctionnement. Demander de l'argent pour acheter les produits serait un tournant dans le mode de fonctionnement de la BAI